Transition numérique et écologie – entre nécessité et défis

La transition numérique et l’écologie peuvent aller de pair. Néanmoins, on doit trouver l’équilibre parfait pour que ce passage soit au service de l’environnement, ou au moins ne pas lui nuire.

En effet, la transition écologique exige entre-autres la réduction du papier, de l’encre et de l’impression, choses qui pèsent lourd sur l’environnement. La transformation numérique, quant à elle, vise à réduire l’utilisation du papier en faveur de la digitalisation des documents et des supports d’information. Les transitions numérique et écologique se croisent ici pour réduire l’impact environnemental de l’utilisation du papier, mais à quel prix ?

Ainsi, la dématérialisation et le numérique deviennent de plus en plus une nécessité par soucis écologiques. Quels sont donc les défis à relever ?

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Une révolution douce

Nous vivons aujourd’hui une révolution douce : la révolution numérique, qui puise moins que celle qui l’a précédée dans les ressources naturelles et humaines. Contrairement à la révolution industrielle, la transition numérique mène l’humanité vers une nouvelle ère pour essayer de minimiser, quand c’est possible, notre impact sur l’environnement.

La révolution numérique permet aussi d’optimiser le temps et offre un accès facilité à l’information. Il ne faut pas oublier la réduction de l’utilisation du papier qu’elle peut potentiellement induire. Cela aura un impact environnemental positif, estime-t-on.

Cette digitalisation touche en fait peu à peu tous les secteurs. Et il n’y a pas qu’au bureau qu’on entend parler de digitalisation, mais dans bien d’autres domaines :

  • La médecine
  • L’agriculture
  • L’industrie
  • L’ingénierie
  • Le BTP
  • La recherche
  • La production
  • La fabrication
  • L’aide à la prise de décision
  • La vente
  • Etc.

Transition numérique et transition écologique

digital

La mutation

La révolution industrielle en début du XIXe siècle a puisé dans les ressources minières, naturelles et humaines. Elle a fini par transformer le mode de vie, le modèle industriel et économique du monde. Les énergies combustibles et fossiles non renouvelables ont certes donné un élan à la révolution industrielle, mais on en mesure aujourd’hui le coût écologique.

Notre planète s’épuise et les hommes prennent conscience que les ressources de la terre ne sont pas inépuisables. Ils ont également constaté les dégâts environnementaux et la pollution que la consommation énergétique a causée. Cette prise de conscience a conduit à penser à une transition écologique qui, de son côté, induit une mutation sociétale, comportementale et technologique.

Quant à la transition numérique, elle émane essentiellement de l’innovation technique. L’une des mutations les plus importantes qu’elle a engendrée est la migration de la production de biens et services vers celle de l’analyse des données pour créer la valeur ajoutée.

De ce fait, la transition écologique, tout comme la transition numérique, crée chacune la chaîne de valeur qui lui est propre.

Echange et transfert entre les deux transitions

Les attentes et la façon de faire sur lesquelles se base la transition écologique traduisent en partie les valeurs véhiculées par la transition numérique. La première vise à réduire la consommation des ressources naturelles et l’émission des déchets et la seconde met l’optimisation des ressources pour une meilleure efficacité au centre de ses valeurs.

Les deux transitions se nourrissent ainsi l’une de l’autre. Aucune ne pourra se réaliser sans l’autre pour pouvoir aboutir à une nouvelle société équilibrée. En effet, si les deux transitions ne cheminent pas ensemble, nous risquons des dommages irréversibles dans nos conditions vitales, des inégalités, voire même des conflits.

Empreinte carbone et sobriété numérique

En effet, le numérique dégage également une empreinte carbone. Même si la dématérialisation combat sur plusieurs plans la pollution, elle en engendre également.

C’est ainsi qu’est né en France le concept de sobriété numérique. Elle a comme objectif la réduction de l’empreinte carbone générée par le digital, surtout en ce qui se rapporte à la consommation énergétique.

La sobriété numérique n’a nullement comme but de restreindre le recours au digital par les usagers. Elle vise à mieux le consommer. L’éco-conception des sites internet est un bon exemple de cette idée.

Avoir recours aux low-tech et utiliser les énergies renouvelables comme sources d’alimentation – notamment des Data Centers – fait également partie des bonnes pratiques de la sobriété numérique.

La fabrication des appareils numériques laisse également une « empreinte environnementale», principalement en matière de consommation des ressources naturelles. Chaque appareil nécessitant entre 40 et 60 minerais et/ou différents matériaux, parfois en voie d’épuisement.

La biodiversité est elle-même touchée par l’extraction de matériaux et/ou minerais. La sensibilisation et la responsabilisation des usagers du numérique – par l’accompagnement vers des pratiques vertueuses – sont le propre de la sobriété numérique. Cette dernière incite les particuliers et les entreprises à lutter contre le gaspillage de l’énergie et contre l’utilisation abusive de cette dernière.

terre

Un numérique « sobre », c’est possible

De nombreux acteurs militent pour un numérique plus sobre et appellent à une prise de conscience collective dans la consommation digitale. Le collectif GreenIT, The Shift Project, le CIGREF (…) appellent à une utilisation plus économe, mais aussi à une éco conception des appareils.

L’objectif est de fabriquer des appareils ayant une plus longue durée de vie. Il s’agit également d’avoir recours au reconditionnement et à la réparation. L’obsolescence programmée de certains appareils fait l’objet de vives critiques

Tout comme la sobriété numérique, il ne s’agit pas de renoncer à l’utilisation du digital, mais de trouver les moyens d’en réduire l’impact. Limiter ses mails et l’envoi de pièces jointes volumineuses, visionner des vidéos en basse définition plutôt qu’en 4K et limiter sa consommation de réseaux sociaux sont de bonnes pistes à adopter.

Des appareils plus performants pour une meilleure transition écologique

Les appareils d’aujourd’hui – ordinateurs, tablettes, smartphones, etc. – sont plus performants en stockage, calcul (…). Ils sont aussi plus puissants, tout en consommant moins d’énergie.

Les centres de données sont également améliorés en matière d’efficacité énergétique. Leur fonctionnement se base sur les « adiabatiques », des technologies de refroidissement. De ce fait, il nécessite 40% d’énergie de moins que le fonctionnement de technologies classiques.

Les externalités négatives et positives

Il est indéniable que la croissance de la connectivité et l’expansion de la numérisation ont un impact environnemental. En effet, il existe à l’échelle individuelle un recours plus accru aux appareils digitaux, puisqu’il y a de plus en plus de personnes multi-connectées.

Cela conduit à l’augmentation du nombre d’infrastructures réseaux et des achats de terminaux. Outre l’équipement informatique bureautique, les maisons, les équipements ménagers et les moyens de transport (…) sont également « intelligents » et « connectés ».

Seulement, les externalités positives existent bien et l’utilisation du numérique peut également réduire la pollution, l’émission du CO2 et du gaz à effet de serre, ainsi que l’empreinte carbone.

Citons à titre d’exemple l’énorme réduction de la pollution conséquente aux moyens de transport grâce au télétravail pendant la pandémie mondiale de la Covid 19. De l’autre côté, la facture d’électricité a explosé.

Il ne faut également pas oublier que le traitement informatique des données et leur stockage numérique ont réduit la pollution due à l’utilisation du papier et des équipements d’imprimerie.

L’e-mailing a contribué à la diminution de toute la logistique nécessaire au système postal, à commencer par le papier en passant par le transport terrestre, aérien etc. ce qui a également baissé la pollution qui en résulte.

Finalement, de nombreux équipements numériques sont munis d’un système de veille éco-performant contrôlant la consommation énergétique, comme c’est le cas des chauffages connectés. Ces derniers se mettent en veille en l’absence de personnes.

télétravail

Délocalisation et transition écologique

L’émission du gaz, l’empreinte carbone, la consommation énergétique et la pollution dégagée par la fabrication de l’équipement numérique diffèrent d’un pays à un autre, ainsi que de l’électricité d’un état à un autre.

Prenons par exemple de la production d’électricité américaine dont l’émission de CO2 est 7 fois plus importante que celle de la France, ou encore de la Chine, neuf à 11 fois supérieure que l’Hexagone. Néanmoins, 70% du matériel digital est fabriqué en Chine et plus de 50% des centres de données sont situés aux Etats-Unis.

Face aux enjeux environnementaux, une délocalisation de la fabrication, du moins d’une partie des équipements, vers des pays moins polluants, aiderait à effectuer une transition écologique. Mais un autre sujet prend de plus en plus d’ampleur en Europe et aux États-Unis : le retour à une production locale. Il est en effet question de rapatrier l’industrie, et donc lutter contre la délocalisation pour éliminer des moyens logistiques liés au transport international néfastes pour l’environnement ; un sujet complexe, tant il s’écarte des objectifs de la mondialisation.

Le dilemme de l’impact environnemental du numérique

Il est difficile de mesurer l’impact environnemental du numérique, de la fabrication des composants électroniques aux déchets toxiques (batteries) tout en passant par la consommation d’énergie. Cette dernière représente l’un des plus gros sujets de débat en matière de transition numérique et de transition écologique.

On peut dans ce cas compter sur les avancées technologiques en termes de fabrication d’appareils qui optimisent au mieux leur consommation énergétique, voire des appareils économiques.

Les appareils les plus puissants sont généralement plus énergivores. Les Data Centers plus immenses consomment de plus en plus d’énergie.

La production d’électricité est l’un des soucis les plus imposants en matière de transition écologique. Se tourner vers l’énergie verte pourrait être la solution, mais il faut trouver le moyen de produire des quantités suffisantes pour couvrir les besoins de la population ainsi que ceux des Data Centers.

Ainsi, on ne peut pas dire que le numérique est systématiquement écologique. Les efforts sont concentrés en ce sens pour réduire l’impact environnemental du numérique et le concilier avec l’écologique.

innovation transition numérique

La révolution numérique au service de l’environnement et de l’humain

La numérisation touche aujourd’hui tous les aspects de la vie humaine. Elle améliore les prestations, le confort, la gestion du temps, etc. Elle a également un impact sur le plan industriel, économique et médical.

Les Etats les plus connectés et les plus productifs sur le plan technologique sont aujourd’hui ceux qui offrent le meilleur niveau de vie à leurs citoyens. Le PIB même est touché par la transition numérique tant au niveau de la fabrication que de l’utilisation de l’équipement numérique.

Sur le plan environnemental, nous pouvons considérer la numérisation comme une épée à double tranchant. Il est néanmoins possible de faire en sorte que la transition numérique soit au service de la transition écologique comme elle est aujourd’hui au service du plus grand nombre.

Il est en effet possible d’en faire un instrument au service de la transition écologique, participant ainsi à la réussite de la révolution environnementale entamée.

Un enjeu majeur se présente de nos jours aux acteurs du numérique. Il s’agit de la mutation qu’ils peuvent faire de l’industrie numérique pour qu’elle soit l’un des leviers de la transition écologique.